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Patrick
Poivey26 minutes de lecture

Patrick Poivey m’a donné rendez-vous devant le fameux studio de doublage Dubbing Brothers. En ce matin de février 2002, l’air est plutôt doux pour la saison. A son arrivée, le comédien vient à ma rencontre tout sourire. Il est affable, de très bon humeur et ravi de pouvoir échanger sur son métier, sa carrière et cet exercice du doublage alors encore méconnu et qu’il maitrise sur le bout des doigts. Avant l’interview, Patrick me propose de participer à une séance d’un doublage actuellement en cours. Cette semaine, il prête sa voix à Bruce Willis, son acteur fétiche depuis plus de 15 ans, pour le film Mission évasion.
Ce qui est frappant de prime abord pendant cet enregistrement, c’est l’aisance avec laquelle Patrick Poivey exerce son métier. Décontracté, aimable avec tout le monde sur le plateau, il ne semble pas avoir besoin d’une préparation quelconque avant de se placer à la barre. Une scène retient mon attention à l’issue de cette séance. Dans cette dernière, le comédien français remarque que la voix de Bruce Willis est plus rauque que d’habitude, légèrement enrouée. Patrick Poivey se racle alors la gorge pendant une poignée de secondes réussissant à voiler sa voix afin de coller au mieux à l’illustre modèle qui se trouve à l’écran devant lui.
Cet exemple est une preuve du niveau de perfectionnisme de cet humble comédien au service de l’acteur qu’il double.
Une véritable profession de foi, l’Art d’un très grand de la synchro.

Synchro : Pouvez-vous nous expliquer comment vous êtes entré dans le doublage ?

PP : En 1971, Jean Anouilh m’a appelé pour jouer une pièce avec Paul Meurisse. Ayant un contrat pour la durée, j’ai joué cette pièce chaque soir pendant trois ans. Je n’avais strictement rien à faire dans la journée et je tournais vraiment en rond. Au bout d’un moment, je suis allé voir monsieur Meurisse pour lui proposer de lui racheter mon contrat. Ce sur quoi il a refusé en me disant : « Certainement pas Patrick, cela vous servira pour l’avenir, vous me direz merci plus tard. » Puis il m’a regardé et m’a demandé si je connaissais la post-synchronisation. Je lui ai répondu que non et il m’a alors dit : « Vous allez en avoir des nouvelles… »

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