
HenryDjanik24 minutes de lecture
Interviewé par Olivier Barbery
Mai 2003
Article tiré du N°0 du magazine





La voix d’Henry Djanik, grave, chaude et rocailleuse à souhait fait immanquablement partie des voix à la personnalité très affirmée dans le métier. Comédien rompu aux planches de théâtre, il commença cet exercice de la synchronisation au début des années 50, et participa, au cours de sa longue carrière, au doublage de plus de 400 films dont certains ayant considérablement marqués le 7ème art.
Il a notamment prêté sa voix à des acteurs au tempérament de feu : Anthony Quinn bien sûr, véritable colosse d’Hollywood qui se mesura à des rôles dont la dimension était souvent plus grande que des statues grecques. Mais également Ernest Borgnine, éternel solide second rôle ainsi que Telly Savalas, mythique lieutenant dans la série Kojak et dans nombre de films au cinéma.
D’origine arménienne, Henry Djanik avait en outre la faculté de doubler des personnages typés aux accents méditerranéens très marqués, ce qui n’était pas pour lui déplaire.
Voilà un comédien qui était au service de son art, qui a participé activement à l’âge d’or du doublage et qui s’est hissé peu à peu au rang de ténor de la synchro.
Et c’est peu de le dire.
Synchro : Pouvez-vous nous évoquer vos racines ?
HD : Il faut que je remonte avant ma naissance. Je suis d’origine arménienne. Mes parents vivaient en Turquie, et au moment des massacres, ils ont fui ce pays. Ils se sont retrouvés à Beyrouth au Liban, ils se sont mariés là-bas et mon père a réussi à décrocher un contrat chez Renault pour venir travailler en France. Ma mère alors âgée de 14 ans était enceinte de moi lorsqu’ils ont pris un bateau d’immigrants pour faire le voyage. Arrivés à Varna en Bulgarie, Ils n’ont pas pu aller plus loin car ma mère allait accoucher d’un moment à l’autre. Je suis donc né accidentellement à Varna en Bulgarie. Ils sont repartis quelques mois plus tard pour la France.
Arrivés à Paris et n’ayant pas d’argent, ils vivaient plus que chichement à Issy les Moulineaux qui est d’ailleurs une diaspora arménienne.